Elle se décala de devant la porte pour le laisser passer, il lui adressa un faible sourire pour la remercier. Elle resta immobile un instant, comme tous le monde elle savait que la criminelle ça n'était jamais bon signe. Elle lui fit signe de se diriger dans le salon. Une charmante petite fille de quoi ? deux ans environ lui souriait. Il lui fit signe en retour et lui sourit. La jeune femme demanda à sa fille de les laisser et la petite s'executa imédiatement. Il ne savait pas si il aurait une fille ou un garçon mais en tous cas il voulait un enfant aussi obéissant et souriant. Ca changerait de la petite peste qu'avait engendré Lisa. Jane avait l'air très nerveuse ce qu'il comprenait. Elle ne cessait de triturer le collier qu'elle portait autour du cou. Elle lui montra un fauteuil et il s'assit. Elle lui demanda en bégayant qu'est ce qu'il se passait. Il ferait mieux de lui demander de s'assoir on ne sait jamais. Il n'avait pas envie de devoir l'accompagné à l'hôpital après qu'elle est fait un malaise. Il avait promis à Lisa de rentrer tôt et puis il avait eu son quotas d'hôpital pour les dix prochaines années.

Vous devriez vous assoir lui dit il fermement.

Il soupira, il détestait devoir faire ça. Elle le regardait appeuré à l'idée d'apprendre le pourquoi de sa visite. Il se lança ne faisant pas le durer le suspense plus longtemps.

Je suis ici à propos d'un certain Shane Prescott, vous le connaissez ?

Il avait lu la lettre et d'après ce qu'il en avait comprit, c'était lui le père de la gamine qu'il avait vu tout à l'heure. La pauvre grandirait sans père, enfin ça avait l'air d'un loser alors c'était peut être mieux pour elle. Surtout que sa mère avait l'air de bien s'en occuper. Il esperait que cette nouvelle n'affecterait pas trop leur famille. Sa mère à lui avait sombré dans l'alcool et la dépression, avant de se trouver un loser de petit ami.

Je pris place sur le fauteuil d'en face, obéissant à l'inspecteur qui se trouvait dans mon salon. Je n'avais aucune envie de m'asseoir, mais le ton sur lequel il me l'avait demandé ne me laissait pas vraiment le choix. De plus, je n'avais aucunement l'intention d'attendre plus longtemps avant qu'il ne me dise ce qu'il se passait.

Finalement, il finit par prononcer un nom. Celui de Shane. Je ne comprends pas. Pourquoi serait il venu me voir MOI, alors que je n'ai pas vu Shane depuis presque trois ans?
Et puis que pouvait il bien être arrivé?

Dans ma tête un tourbillon de souvenirs heureux défilent à tout allure. Je revois ses grand yeux verts se poser sur moi et son sourire qui me faisait frissonner à chaque fois. Notre rencontre, notre premier baiser, notre premier diner, la première fois qu'on a fait l'amour. Bizarrement je revois tout, excepté la fin. Comme si je m'obstinais à penser qu'il serait là un jour ou l'autre pour élever sa fille, l'emmener à l'école, la féliciter le jour de son diplôme, lui faire une leçon de moral pour son premier petit copain. Je me disais qu'il finirait par changer d'avis. qu'une vie de famille, ce n'est pas ce qu'il y a de pire.

J'ai bien l'impression que cet inspecteur va briser mon rêve.

Les sourcils froncés et le regard déjà embué, j'hoche la tête et mes lèvres forment le mot "oui" sans pour autant qu'un quelconque son n'en sorte. Je déglutis difficilement et reprends.

- Oui je le connais. Est ce que vous pourriez me dire ce qu'il se passe s'il vous plait?

Je m'entendais parler d'un ton suppliant. comme si j'étais sortie de mon propre corps pour être témoin de ce qui allait se passer.
Ma main tremblant toujours en triturant mon collier, mon autre main serré en poing tenant un morceau de ma robe, posée maladroitement sur ma cuisse. Je ressentais un truc bizarre dans mon corps tout entier. une sensation désagréable qu'une partie de mon monde allait s'écrouler.

A l'évocation du nom de son ex, ses yeux s'embuèrent. Il aurait préféré qu'elle le déteste et qu'elle lui disse qu'elle n'en avait plus rien à faire de lui. La tâche aurait ainsi été bien plus facile. Elle hôcha la tête pour lui dire que oui elle le connaissait. Elle déglutit difficilement et répondit à sa question. Elle lui affirma qu'elle le connaissait et le supplia de lui dire ce qu'il se passait. Elle était toujours amoureuse de lui. Il baissa la tête, il aurait mieux fait de laisser Jared lui annoncer. Il releva la tête et croisa son regard interrogateur. Sa main tremblait et elle triturait toujours son collier.

Shane Prescott a été retrouvé mort cet après midi. Il a fait une overdose...Je suis désolé.

Il ne savait pas trop comment agir, il avait pourtant des années d'experience. Il sortit la lettre de la poche interieur de sa veste et la lui tendit.

Il a laissé ça pour vous.

Il hésita un instant, et posa sa main sur l'épaule de la jeune femme.

Je suis désolé, toutes mes condoleances.

Il sortit un autre papier de sa veste qu'il lui tendit.

C'est mon numéro personelle, vous pouvez m'appeller à n'importe quelles heures du jours ou de la nuit, si vous avez besoin d'en parler.

Les mots s'embrouillent dans ma tête. "mort", "overdose", "condoléances". Je ne comprends pas. Shane ne se droguait pas. Il ne fumait même pas et buvait très peu. Il ne pouvait pas avoir fait une overdose. Il ne pouvait pas être mort.
Mes mains ont arrêté de trembler. Je me suis levée, ai fait les cent pas dans le salon, le regard dans le vide, tentant désespérément de me dire que ce n'est qu'une mauvais blague. Qu"il allait poussé la porte d'ici une minute ou deux, le temps de rire de sa blague pourrie. Mais le regard de cet inspecteur me ramène à la réalité un peu trop brutalement. Non, il ne plaisante pas. Shane est bien … mort.

Finalement, l'homme me tend une lettre, m'annonçant qu'il avait trouvé ça pour moi.
Shane m'a "laissé" une lettre?
Je tente de réaliser ce qui se passe et demande finalement.

- Il… Il s'est suicidé?

je m'appuie contre le mur afin de me retenir. Je regarde fixement l'inspecteur, attendant qu'il me reponde.

"toutes mes condoléances".
Je tente de lui sourire, trop faiblement pour que ça soit sincère. Je regarda le flic sortir un autre papier de sa poche, il me le tendit. L'inspecteur Gregory Morgan. Je réalise juste maintenant que je ne connaissais même pas son nom. Il me dit que c'est son numéro personnel et que je peux l'appeler à tout moment.
Je relève les yeux vers lui, interrogative : Donne t-il son numéro personnel à tout le monde ou est-ce un traitement de faveur?

- Je vous remercie.

En parlant, je contiens mes larmes, je ne pleurerai pas. Pas tout de suite. J'attendrai d'être seule et sure qu'Effy ne me verrait pas dans cet état.

- Je peux vous offrir quelque chose à boire?

Je n'avais pas franchement envie de me retrouver seule à cet instant, même si j'imaginais bien qu'il avait autre chose à faire.

Lorsque je lui demanda s'il voulait boire quelque chose, je réalisa qu'il avait entreprit de se lever. Cependant il reprit place dans le canapé et me demanda un café. Je m'éclipsa dans la cuisine et mit en marche la machine. En attendant, la lettre en main, j'hésitais à l'ouvrir ou non. Finalement j'entrouvris légèrement l'enveloppe et ressortis le papier. Le dépliant, je lus les premières lignes. Passant mon index sur les premiers mots. Il avait écrit la lettre à "Livy". Il n'y avait que lui qui m'appelait comme ça. Ce surnom venait de mon deuxième prénom "Olivia". Je ne l'ai jamais entendu m'appeler Jane.
Je ne réussis pas à lire la lettre, mon regard atterrit directement à la fin de la page ou un "je t'aime" écrit à la hâte concluait sa missive.
Quelques larmes clandestines glissent le long de mes joues. Je les chassent d'un revers de main.

Le bruit de la machine à café me ramène à la réalité. Je sors deux tasses que je dépose sur un plateau, emmenant quelques morceaux de sucres au cas ou et quelques gâteaux.
Lors que je rejoins l'inspecteur Morgan dans le salon, je le vois regarder les photos. Beaucoup sont d'Effy et moi, un peu partout autour du monde.
Les yeux rougis, je dépose le plateau sur la table basse et lui tend sa tasse.

- Vous avez des enfants?

Pourquoi lui ai-je posé cette question? aucune idée. Le besoin de changer de conversations peut être, d'embrayer sur autre chose, de le retenir au maximum.

Lorsque je lui demanda s'il avait des enfants, il lui fallut un moment avant de répondre. Il avait eu l'air absent un moment. Finalement il m'avoua qu'il allait être père dans quelques mois. Il n'avait pas l'air de sauter de joie.
Mais lui au moins, il restait avec la mère de son enfant.

- Félicitations.

Les mots d'usage dans ses conditions non? Je tenta un sourire, pas convaincu.
Il désigne une photo d'Effy et me demande son âge.

- Elle aura trois ans dans quelques jours.
Shane est…était son père.
Il n'a jamais voulu la voir.

Les mots sont sortis sans que j'ai le temps d'y réfléchir. Je ne parlais jamais de cette historie et voila que je me confiais à un parfait inconnu. Je me mordis la lèvre, histoire de retenir les lèvres qui menaçaient de couler de nouveau.

- Je ne veux pas vous retenir. C'est pas votre boulot de m'écouter raconter ma vie. Vous avez surement mieux à faire.

En voulant attraper ma tasse, ma main se cogna et le café se renversa atteignant une partie de la lettre. Je me leva en quatrième vitesse, attrapa l'enveloppe et enleva le maximum de café.

-et merde.

j'ouvris l'enveloppe et en sortit la lettre presque intacte. je la posa en lieu sur et me rassit, attrapant ma tête dans mes mains. Retenant toujours les larmes.

-désolée.

Elle le félicita et lui fit un faible sourire qu'il lui rendit.

Merci

La situation était plutôt bizarre, il lui avait annoncer que son ex était mort, il y avait maintenant quelques minutes mais elle faisait fasse et préferait parler d'enfant avec lui. Biensûr il pouvait comprendre qu'elle est besoin de changer de sujet que la nouvelle était bien trop fraiche pour qu'elle puisse en parler mais il ne savait pas...c'était bizarre. Il lui demanda qu'elle âge avait sa fille et elle lui répondit qu'elle allait avoir trois ans dans quelques jours. Il lui sourit plus franchement cette fois ci. Elle ajouta qu'elle était de Shane et qu'il n'avait jamais voulu la voir. Il ne savait pas trop quoi répondre à ça. Elle se mordit la lèvre pour ne pas craquer devant lui.

Je suis désolé Jane

Elle lui dit qu'elle ne voulait pas le retenir, que ce n'était pas son métier de l'écouter raconter sa vie, qu'il avait surement mieux à faire. Il ne savait pas si il devait la laisser. Elle renversa sa tasse et le café commença à se répandre sur la lettre. Elle l'enleva le plus vite possible et la mit en lieu sûr puis se rassit et attrapa sa tête entre ses mains. Au bout de quelques instants elle s'excusa et il ne savait pas trop de quoi.

J'ai du temps je peux rester si vous voulez

Il repassa sa main sur son épaule l'obligeant à le regarder.

Mais peut être que vous préferez être seule pour vous faire à la nouvelle.

Je ne savais plus comment réagir. Il restait là, à tenter de me consoler, me certifiant qu'il avait du temps et qu'il pouvait rester si besoin.
En l'espace de cinq secondes, tout avait changé dans ma vie. Je ne savais plus ce que je voulais, ce dont j'avais besoin. Il avait beau me dire qu'il pouvait rester, je ne savais pas si j'en avais envie.

Les yeux rougis à force de me retenir de pleurer, les mains tremblantes car plus rien ne faisaient sens dans ma tête, je releva mon visage pour lui faire face et tenta un énième sourire.

ALors que j'allais lui répondre, Effy est sortit de sa chambre, elle s'approcha en courant et souriant, toujours intrigué par les gens qu'elle ne connaissait pas. Lorsqu'elle vit l'expression sur nos deux visages, elle se calma légèrement. Elle me demanda si elle pouvait avoir un verre de menthe. Incapable de dire non, je l'ai abandonnée dans le salon et suis allée préparer sa boisson. En revenant, elle ne put s'empêcher de me prendre dans ses bras, de lever sa petite tête vers moi en me demandant si ca allait. Je lui ai souris, lui ai certifié que tout allait bien et lui ai demandé d'emmener son verre dans sa chambre.

Reportant mon attention sur l'inspecteur et peu sur d'avoir pris la décision qui me convenait vraiment je lui souris légèrement, encore une fois.

- Vous devriez y aller. Je vous remercie d'être resté. Et je garde votre carte.

J'avais parlé sur un ton serein, qui m'étonna moi même.

Je referme la porte derrière l'inspecteur, le remerciant une dernière fois pour sa gentillesse. A peine, la porte refermée, adossée à celle ci, je me laisse glisser au sol.
Les larmes que je m'efforçais à renier depuis presque une heure s'écoulèrent le long de mes joues. Les sanglots m'empêchant de respirer.
La tête dans les mains, je resta là une bonne heure, un peu plus ou un pue moins. Impossible de bouger, le corps tremblant et le coeur qui bat trop fort et trop vite.

Effy sort finalement de la chambre, son estomac lui rappelant que l'heure du diner approche. Elle me rejoint sans un mot et je la sers dans mes bras comme jamais, un sentiment de culpabilité. Ma fille ne connaitre jamais son père.
Elle s'agrippe à mon t-shirt, et reste avec moi un moment, ma main parcourant son dos.

J'arrive tant bien que mal à me relever et à lui préparer son repas. assise face à elle, je la regarde manger, trop mal pour avoir faim moi même.
Finalement à huit heures, elle prend la direction de la salle de bain pour se brosser les dents et mettre son pyjamas sans grand succès. Je l'aide à se changer et l'accompagne jusqu'à sa chambre. Comme tous les soirs elle a droit à une petite berceuse.
Je reste allongée dans son lit avec elle, bien après qu'elle se soit endormie, passant ma main dans ses cheveux, les larmes coulant silencieusement le long de mes joues.